Probus et son rêve inachevé d'Orient

Description de la monnaie :

Aurelianus en billon de 22 mm pour 4,1 grs, avers : PROBVS PF AVG, revers : FIDES MILITVM, atelier de Rome (282), 7ème émission, 5ème officine (RIC 170)

Auréolé de son triomphe célébré avec faste dans les rues de l'Urbs à l'été 281 ap. JC, Probus n'en demeure pas moins hanté par les projets de conquête qui, en leur temps, furent aussi ceux de l'empereur Aurélien. Aussi décide t'il, au début de l'année suivante, d'assurer les préparatifs d'une campagne militaire visant à marcher sur l'Arménie et la Mésopotamie. Avant de quitter Rome, il fait battre monnaie en reprenant le thème fédérateur de la fidélité de l'armée. Il ne sait pas encore que celle-ci s'apprête à lui faire défaut. Au mois de septembre, Carus, préfet du prétoire et chargé du commandement du limes rhéno-danubien, est acclamé par ses troupes et revêt la pourpre. L'occident et l'orient font également rapidement sécession et se proclament pour le nouvel usurpateur. Probus demeure néanmoins maître des Balkans et s'apprête à lancer une énergique contre-offensive lorsqu'il est assassiné à Sirmium, sa ville natale. Une mutinerie de soldats harassés par des travaux d'intérêt général met fin brutalement à la vie et au rêve d'Orient de celui qui avait fait si souvent triompher les aigles de Rome...

Quand Lyon célèbre les vertus militaires de Probus

Description de la monnaie :

Aurelianus en billon de 23 mm pour 3,4 grs, avers : IMP C PROBVS PF AVG, revers : VIRTVS AVG, atelier de Lyon (278/279), 6ème émission, 4ème officine (RIC 112)

L'été 278 ap. JC voit Probus achever sa campagne de pacification des frontières du Rhin. Après avoir forcé de nombreuses tribus germaniques à se soumettre à son autorité, il peut désormais se consacrer à la consolidation du limes en faisant intégrer aux garnisons frontalières 16.000 jeunes barbares qui lui ont été livrés comme otages. Ainsi, peut-il écrire au sénat : "La Gaule est délivrée, la Germanie subjuguée. Neuf rois sont venus se prosterner à mes pieds ou plutôt aux vôtres. Ordonnez-donc de nouvelles actions de grâce aux dieux." La Gaule, elle même, célèbre son libérateur. Des quatre coins du pays, les cités reconnaissantes lui tressent des couronnes d'or. A Lyon, l'atelier monétaire frappe des aureliani dont le revers représente la figure martiale de Mars avec casque, bouclier et haste. L'empereur est de fait paré des mêmes vertus guerrières que la divinité. Son génie militaire, dont les louanges sont chantées en occident, s'apprête déjà à agir sur un nouveau front, celui du Danube.

Le retour des légions de Probus à Cyzique

Description de la monnaie :

Aurelianus en billon de 24 mm pour 3,2 grs, avers : IMP C M AVR PROBVS PF AVG, revers : VIRTVS PROBI AVG, atelier de Cyzique (280), 3ème émission, 5ème officine (RIC 913)

Après avoir fermé ses portes durant trois années, l'atelier monétaire de Cyzique situé en Asie mineure reprend du service en 280 ap. JC. Les légions de Probus sont en effet de retour en Orient après avoir rétabli l'ordre en Rhétie, province menacée un temps par les Burgondes et les Vandales, ainsi qu'en Thrace où sévissaient des bandes de pillards sarmates. Le regard de l'empereur se porte dorénavant vers l'ennemi séculaire, la Perse sassanide. Ses vertus militaires se trouvent de fait une nouvelle fois célébrées sur cette monnaie dont le droit représente Probus casqué et armé d'un bouclier et d'une haste portée sur l'épaule droite. Au revers, l'empereur entre dans la ville en général auréolé de ses nombreuses victoires symbolisées ici par le captif figurant au pied de son cheval. La campagne militaire à venir s'annonce sous les meilleurs auspices. Néanmoins, Probus va rapidement devoir conclure la paix avec le roi perse et abandonner ses projets initiaux pour se tourner vers l'Égypte où l'un de ses officiers, Saturninus, vient d'usurper la pourpre. Une énième fois, en ce troisième siècle finissant, des Romains s'apprêtent à affronter des Romains dans une lutte fratricide pour le pouvoir.

Probus et le retour de la félicité en Gaule

Description de la monnaie :

Aurelianus en billon de 25 mm pour 3,1 grs, avers : IMP C PROBVS PF AVG, revers : FELICI TEMP, atelier de Lyon (281), 8ème émission, 2ème officine (RIC 75)

Après deux années de fermeture, durant lesquelles s'est inscrite la tentative d'usurpation de Proculus, l'atelier monétaire de Lyon (Lugdunum) rouvre ses portes à l'été 281. Probus, qui fête alors son triomphe à Rome, aspire à se gagner les faveurs des populations gauloises mises à mal par les incursions franques de 276-278 et les désordres intérieurs qui s'en sont suivis. L'empereur commande une émission monétaire vantant la félicité des temps et s'impose ainsi comme le garant du retour de la paix et de la prospérité économique. A cette époque, il abolit notamment l'édit de Domitien, qui interdisait la plantation de nouvelles vignes hors d'Italie, et achève de faire de la Gaule un territoire riche en vins, ce dont les palets les plus fins peuvent encore aujourd'hui se féliciter...

La santé de l'empereur entre les mains d'un ouvrier maladroit...

Description de la monnaie :

Aurelianus en billon de 23 mm pour 3,8 grs, avers : IMP PROBVS PF AVG, revers : SALVS AVG, atelier de SISCIA (280), 7ème émission, 4ème officine (RIC 748)

Idéalement placé à proximité du front du Danube, l'atelier monétaire de Siscia est l'un des plus productifs du règne de Probus. Pas moins de neuf émissions sont à signaler entre 277 et 282, le rythme des émissions s'accélérant notamment lors de la présence de l'empereur et de ses troupes dans la ville. De fait, les ouvriers monétaires voient leurs conditions de travail soumises à rude épreuve et, à une époque où la frappe du numéraire s'effectue encore manuellement, il n'est pas rare que le marteau dévie d'une trajectoire idéale provoquant parfois des accidents esthétiques notables. C'est le cas de cette monnaie vantant la santé de l'empereur qui présente un bien curieux portrait de droit : le buste de Probus semble ici dédoublé en une particularité numismatique que l'on nomme le tréflage. Bien que présentant ce défaut, l'aurelianus est néanmoins mis en circulation et vient témoigner plusieurs siècles plus tard qu'il fut produit par la main d'un homme au geste maladroit...

Probus général invincible et homme providentiel

Description de la monnaie :

Aurelianus en billon de 24 mm pour 3,1 grs, avers : VIRTVS PROBI INVICTI AVG, revers : PROVIDENT AVG, atelier de Ticinum (281), 9ème émission, 2ème officine (RIC 492)

L'année 281 ap. JC constitue la date faste du règne de Probus. Vainqueur des barbares sur le Rhin et sur le Danube, l'empereur est également parvenu à échapper à la menace que faisaient peser sur son pouvoir les usurpateurs Saturninus à Alexandrie, Bonosus à Cologne et Proculus à Lyon. Aussi peut-il célébrer son triomphe à Rome durant l'été où il offre au peuple des jeux somptueux. La plèbe voit désormais en lui l'homme providentiel, garant de l'ordre et de la sécurité de l'empire. Car Probus demeure avant tout un général victorieux, voire même invincible si l'on en croit la légende originale de cette monnaie frappée à Ticinum. Fort de ses succès, l'empereur envisage bientôt de conduire une expédition décisive contre la Perse. Son destin, ponctué par une mort aussi cruelle qu'inattendue, ne lui permettra malheureusement pas de marcher sur les traces du conquérant Alexandre le Grand.

Probus et ses titres honorifiques

Description de la monnaie :

Aurelianus en billon de 24 mm pour 3,3 grs, avers : IMP C M AVR PROBVS AVG, revers : PM TRP COS PP, atelier de Rome (276), 1ère émission, 2ème officine (RIC 607)

Général acclamé par ses troupes, Probus porte le titre d'imperator qui le désigne de fait comme le chef de l'état romain depuis la fin de l'été 276. Néanmoins cet honneur militaire n'est pas le seul dont il soit paré à partir de cette époque. Le revers de cette monnaie de l'atelier de Rome, qui montre l'empereur tenant un sceptre en main entre deux enseignes légionnaires, s'accompagne d'une légende des plus complexes à identifier pour le néophyte; elle ne l'était pas pour le citoyen romain du 3ème siècle. L'utilisation d'abréviations permet au graveur de faire apparaître clairement aux yeux de tous que Probus est tout à la fois honoré du titre de pontifex maximvs (Grand pontife, chef de la religion romaine), revêtu de la tribunicia potestas (puissance tribunicienne faisant de lui le maître des lois) et consul pour la première fois (COS). A cela s'ajoute l'honneur suprême d'être considéré comme le pater patriae (PP, père de la patrie). Si l'ensemble de ces titres fait référence aux traditions de la république romaine, le fait qu'ils soient trustés par un seul homme projette Probus dans la peau de l'homme providentiel et du souverain à la mode orientale.