Jupiter soutien de l'empereur lors de la campagne germanique de 277 ap. JC

Description de la monnaie :

Aurelianus en billon de 23 mm pour 4,6grs, avers : IMP C M AVR PROBVS AVG, revers : IOVI CONSERVAT, atelier de Ticinum (277), 3ème émission, 5ème officine (RIC 386)

Proclamé empereur en orient à la fin de l'été 276 ap. JC, Probus entreprend un long voyage vers l'ouest afin de rétablir l'ordre en Gaule et en Rhétie. Depuis la fin du règne d'Aurélien, ces provinces sont en proie aux attaques régulières des barbares installés de l'autre côté des rives du Rhin et du Danube. Après un court passage à Rome afin d'y faire légitimer son pouvoir par le sénat, le nouvel empereur gagne l'Italie du nord afin de préparer une campagne militaire visant à rétablir la sécurité des frontières. A Ticinum (actuelle Pavie), les scalptores de l'atelier monétaire gravent des coins ornés du portrait de Probus paré d'attributs militaires et dans une attitude résolument conquérante, avec la haste et le bouclier portés vers l'avant. Au revers, figure Jupiter, le maître des Dieux, qui dans un geste généreux confère à l'empereur le globe symbolisant la destinée du monde. Fort de ce soutien, Probus se lance dans une campagne militaire dont ses légions sortiront victorieuses après avoir repris aux barbares un butin conséquent. Un donativum récompensant la bravoure des soldats romains viendra clore les opérations à Ticinum au tout début de l'année 278 ap. JC.

Un hommage rendu à la cavalerie romaine

Description de la monnaie :

Aurelianus en billon de 22 mm pour 3,1 grs, avers : IMP C M AVR PROBVS AVG, revers : VIRTVS PROBI AVG, atelier de Serdica (277), 4ème émission, 3ème officine, RIC 878 var.

Pendant le règne de Probus, l'atelier monétaire de Serdica (actuelle Sofia en Hongrie) fait montre d'une grande originalité en proposant des légendes de droit peu communes ainsi qu'une iconographie propre à célébrer les vertus de l'empereur. Lors de la 4ème émission, les scalptores gravent ainsi des coins monétaires ornés d'un buste militaire de Probus, dont le bouclier couvrant l'épaule gauche adopte une forme circulaire rarement usitée. Il s'agit du parma, insigne d'appartenance à l'ordre équestre et arme défensive utilisée par la cavalerie légère de l'armée romaine. Par cette représentation, Probus se présente comme le chef de ces unités d'élite montées appelées à intervenir rapidement sur le front au contact de la menace barbare. La frappe de ce type monétaire permet ainsi à l'empereur de diffuser l'image d'un militaire actif, oeuvrant au côté de ses chevaliers à la protection de l'intégrité territoriale du monde romain...

Probus honoré par une titulature exceptionnelle

Description de la monnaie :

Aurelianus en billon de 24 mm pour 4,4 grs, avers : PERPETVO IMP C PROBO AVG, revers : SOLI INVICTO, atelier de Serdica (277), 4ème émission, 1ère officine (RIC 869)

Chef militaire commandant les légions officiant à la sauvegarde de l'intégrité territoriale de l'empire romain, l'empereur apparaît de plus en plus à la fin du 3ème siècle comme un homme providentiel. De par son énergie déployée sur les champs de bataille sur le Rhin, le Danube ou en orient, il incarne les vertus de courage et de force généralement dévolues à des divinités telles Jupiter ou Mars. A partir du règne d'Aurélien, qui marque la consécration du culte solaire, le parallèle entre l'empereur et le dieu Sol, qui préside  à la destinée du monde, s'impose comme une nouvelle forme de propagande impériale. Traditionnellement, il est de coutume de rappeler qu'Aurélien fût le premier chef de l'Etat romain à porter le diadème à la mode des rois orientaux et à se faire appeler dominus, terme désignant le seigneur et maître. Ayant succédé à Aurélien, Probus reprend à son compte cette politique visant à faire de l'empereur un homme divinisé de son vivant. Des médaillons commémoratifs  frappés à Rome, le montre d'ailleurs accompagné de la figure du dieu Sol apparaissant à ses côtés. Devenu représentant légitime de la divinité sur terre, Probus hérite de ses titres comme celui d'invaincu (invictus). L'atelier monétaire de Serdica (actuelle Sofia en Bulgarie) produit, à partir de 277 ap. JC, une série exceptionnelle d'aureliani reprenant des légendes dithyrambiques dans lesquelles apparaît ponctuellement la mention perpetuo, revendiquant le pouvoir éternel de l'empereur. Si, par le biais de la monnaie, le pouvoir impérial semble vouloir asseoir son prestige, il ne pourra cependant pas empêcher les tentatives d'usurpation qui émailleront le règne de Probus durant les années 280 et 281 ap. JC, avant que Carus ne parvienne à l'éliminer...

Un mystérieux code au revers d'une monnaie de Ticinum

Description de la monnaie :

Aurelianus en billon de 23 mm pour 3,7 grs, avers : VIRTVS PROBI AVG, revers : MARTI PACIF, atelier de Ticinum (282), 10ème émission, 4ème officine (RIC 509)

Avec dix émissions monétaires de 276 à 282 ap. JC, l'atelier de Ticinum (Pavie) est l'un des plus productifs durant le règne de l'empereur Probus. Les graveurs y développent un art consommé de la représentation de l’effigie impériale sous la forme de remarquables bustes consulaires ou militaires comme celui présenté ci-dessus. Au revers s'affichent généralement les divinités du panthéon romain, comme Mars, qui témoignent de l'action pacificatrice de Probus sur les frontières de l'empire. L'examen détaillé de la monnaie permet de distinguer dans le champ à gauche une lettre majuscule, I, dont l'existence n'a rien à voir avec les marques de valeur et d'officine figurant à l'exergue. Sachant, qu'à cette époque, l'atelier de Ticinum compte six officines, il est possible en mettant bout à bout leurs productions de former le mot EQVITI. Renvoyant aux valeurs d'équité de Probus, parfois surnommé "le juste" par ses contemporains, ce code est sans doute utilisé par l'administration impériale pour procéder au contrôle de légalité de la production monétaire et ainsi déjouer l'action d'éventuels faussaires...

Des origines romaines pour Probus ?

Description de la monnaie :

Aurelianus en billon de 22 mm pour 4 grs, avers : IMP C PROBVS PF AVG, revers : ORIGINI AVG, atelier de Siscia (277), 4ème émission, 3ème officine (RIC 703)

A l'occasion du passage de Probus en Pannonie au cours de l'année 277 ap. JC, l'atelier de Siscia émet en petite quantité des monnaies figurant au revers la louve romaine allaitant les jumeaux Romulus et Remus. Cette iconographie originale et rare, qui ne sera pas reprise dans les autres centres de productions monétaires de l'empire, s'accompagne d'une légende faisant état des origines de l'auguste. Faut-il pour autant en conclure à une ascendance romaine pour Probus ? Rien n'est moins sûr. Flavius Vopiscus dans l'Histoire Auguste, ouvrage rédigé au 4ème siècle, signale que le général appelé au pouvoir suprême en 276 ap. JC est le fils d'un tribun militaire nommé Maximus et que son lieu de naissance est la ville de Sirmium. Le message véhiculé par cette monnaie paraît plutôt rattaché à la volonté de Probus de se réclamer de la romanitas. Malgré ses origines provinciales, le nouvel homme fort de l'empire romain se porte garant de l'hégémonie de la "ville éternelle" sur le bassin méditerranéen et se réclame de fait comme défenseur de la civilisation contre la menace barbare.

Une titulature célébrant le deuxième consulat de Probus

Description de la monnaie :

Aurelianus en billon de 22 mm pour 2,9 grs, avers : IMP C PROBVS AVG CONS II, revers : VIRTVS AVG, atelier de Ticinum (278), 4ème émission, 4ème officine (RIC 442)

Lors des premiers mois de son règne, l'urgence impose à Probus de traverser tout l'empire d'est en ouest pour converger avec ses troupes vers les bords du Rhin. Durant l'automne 277 ap. JC, le nouvel empereur mène une campagne active qui le conduit à libérer la Gaule de la menace barbare. Après avoir hiverné à Lyon, il arrive triomphalement en Italie à Ticinum en janvier 278 ap. JC. C'est dans cette ville qu'il revêt pour la seconde année consécutive les pouvoirs consulaires, comme le rappelle cette monnaie à la légende originale sur laquelle l'empereur porte la toga palmata revêtu ordinairement par le premier magistrat romain. Pour Probus, c'est également l'occasion de récompenser la bravoure des soldats en offrant un donativum fait d'un numéraire abondant vantant, pour la quatrième officine, les mérites de l'armée. L'image du soldat, casqué et armé, tenant en main une Victoire ne laisse aucun doute quant à la volonté d'asseoir une propagande de nature militaire.

Probus entre à Lyon en général victorieux

Description de la monnaie :

Aurelianus en billon de 22 mm pour 3,1 grs, avers : IMP C M AVR PROBVS AVG, revers : TEMPOR FELICI, atelier de LYON (277-278), 5ème émission, 1ère officine (Cohen 717)

Arrivé à Rome au milieu de l'année 277 ap. JC afin d'y faire ratifier son élection par le sénat, Probus ne s'attarde pourtant pas entre les murs de la capitale impériale. La situation sur le limes rhéno-danubien nécessite en effet son intervention pour repousser Francs et Alamans qui dévastent depuis plusieurs mois l'est de la Gaule. Après avoir rejoint ses légions, il porte ses efforts sur les abords du Rhône qu'il parvient rapidement à sécuriser. Fort de ces premiers succès, il peut faire une entrée triomphale à Lyon, où l'atelier monétaire dans le cadre d'une émission exceptionnelle va faire l'éloge de l'empereur en tant que général victorieux. Le retour à la félicité des temps, célébré sur le revers de cette monnaie, résulte de l'action énergique de Probus figuré au droit portant des attributs militaires. Parmi ces derniers se distingue un bouclier sur lequel le scalptores a gravé avec minutie une scène présentant l'empereur à cheval défilant devant ses troupes. Cette représentation rarissime illustre le soin apporté à la propagande impériale lors du séjour de Probus à Lyon. Au début de l'année 278 ap. JC, après un hivernage de quelques semaines, l'empereur et ses légions quittent la ville afin de poursuivre la campagne militaire en Rhétie.

Des légionnaires sur le bouclier de Probus

Description de la monnaie :

Aurelianus en billon de 23 mm pour 3,3 grs, avers : VIRTVS PROBI AVG, revers : ADVENTVS AVG, atelier de Cyzique (277), 2ème émission, 3ème officine (RIC 904)

Parmi les ateliers monétaires qui frappent au nom de Probus lors de ses six années de règne, deux d'entre eux , Serdica (en Bulgarie actuelle) et Cyzique (en Turquie actuelle) se distinguent par l'émission d'espèces figurant l'empereur en buste militaire. Revêtu de la cuirasse de général, portant un casque à panache et armé d'une haste posée sur l'épaule, Probus voit ajouter à cet air martial un bouclier venant protéger son flanc. Ce dernier s'orne généralement d'un motif circulaire en son centre figurant l'umbo qui permettait la saisie de l'objet. De façon plus exceptionnelle, certains scalptores aux talents éprouvés ont gravé sur le bouclier des scènes qu'il est possible d'identifier. On peut y voir Probus à cheval paradant devant ses troupes ou bien, comme dans le cas présenté ici, des légionnaires en ligne représentés de façon très stylisée. Dans tous les cas de figure, un tel travail relève de la volonté impériale soucieuse d'user de propagande et de conforter auprès de l'armée un pouvoir dont elle détient la légitimité.

Athéna, divine inspiratrice de la sagesse de Probus

Description de la monnaie :

Tétradrachme en cuivre de 18 mm pour 7 grs, avers : A K M AVP TT POBOC CEB, revers : Delta L (Athéna nicéphore), atelier d'Alexandrie (278-279), an 4 (Dattari 5523)

Au 3ème siècle, la partie orientale de l'empire romain connaît une véritable explosion du monnayage provinciale. Néanmoins, les volontés centralisatrices de Rome tendent rapidement à faire diminuer ces émissions locales. Située sur les côtes égyptiennes, la ville d'Alexandrie, de par sa fonction de port marchand, est l'une des rares cités à conserver le privilège de battre monnaie en langue grecque. Sous le règne des empereurs illyriens, elle produit en grande quantité une espèce en cuivre de faible diamètre appelée tétradrachme. Cette dernière reprend au droit le portrait lauré de l'empereur et au revers des références aux divinités locales. Ici, le registre iconographique déployé montre une déesse casquée, assise sur un bouclier et tenant en main une victoire ailée. Si les Latins peuvent y voir une personnification de Roma, les Grecs y reconnaissent plutôt la figure d'Athéna. La fille de Zeus dispose d'attributs militaires mais elle incarne également une forme d'intelligence, voire de sagesse, propre à inspirer les hommes d'Etat. Sous son patronage, Probus ne peut que réussir à bien sa mission visant à restaurer la toute puissance de Rome sur le bassin méditerranéen. 

Quand Probus appelle les légions d'occident à se rallier

Description de la monnaie :

Aurelianus en billon de 24 mm pour 3,8grs, avers : IMP C M AVR PROBVS AVG, revers : FIDES MILIT, atelier de Rome (276), 1ère émission, 5ème officine (RIC 151)

Sous le règne de Tacite qui a succédé à Aurélien, Probus est chargé des affaires militaires dans la partie orientale de l'empire avec le titre de dux romanorum. A la mort de l'empereur, le pouvoir est accaparé par son frère Florien. Les légions stationnées en Syrie perçoivent alors cet acte comme une usurpation et se décident à acclamer un candidat qu'elles jugent plus digne de diriger les destinées de l'empire : leur général, Probus. Ce dernier, fort de son expérience, va faire preuve d'une extrême prudence. Après avoir éliminé Florien, il envoie une longue lettre au sénat de Rome lui demandant respectueusement de légitimer son élection. Puis, conscient de l'importance prise dans le domaine politique par les soldats, il cherche rapidement à se concilier les légions installées dans la partie occidentale de l'empire romain. Ainsi, la première émission monétaire de Rome au nom de Probus présente t'elle des monnaies vantant la fidélité de l'armée. Déjà doté d'une réputation avantageuse de fin stratège militaire, Probus apparaît ici en homme d'état avisé, cherchant habilement à se concilier tous les partis dans un intérêt unique : préserver l'unité de l'empire de Rome.